Elle rythme notre quotidien, et pourtant, nous nous posons rarement cette question. Alors, c’est quoi, la musique ? La toile nous dit que c’est « un art et une activité culturelle consistant à combiner sons et silences au cours du temps ».
Un son n’est ni plus ni moins qu’une vibration de l’air. « Pour faire vibrer l’air, il n’y a pas 36 solutions, il suffit de faire vibrer un objet » nous-dit Jamie (C’est pas sorcier).
C’est ainsi que l’air vibre et fait vibrer nos tympans par la même occasion !
La musique est comme une recette de cuisine. Elle dispose d’ingrédients phares ! Parmi eux, le rythme (la durée entre les différents sons), la hauteur (qui permet au son d’être plus ou moins aigu), les nuances (qui renvoient au degré de force ou de délicatesse du son) et le timbre (qui permet d’identifier l’instrument ou la voix).
Les scientifiques ne s’accordent pas tous quant à l’origine et aux théories évolutionnaires de la musique. Selon Darwin, la musique aurait précédé le langage parlé dans l'évolution de l'Homme. Avant l’apparition du langage parlé, la musique se serait peut-être développée dans le but de transmettre des signifiés concrets. Elle aurait aussi pu servir d’outil de séduction, elle aurait ainsi été une forme de communication particulière. Autre piste : elle serait apparue comme moyen d'interaction entre la mère et le nouveau-né. Selon cette hypothèse, la musique aurait permis aux mamans d’apaiser leurs petits sans avoir besoin de les bercer. Ainsi, les bras libres, elles pouvaient récolter de la nourriture. Un évolutionnisme qui rime avec ingéniosité !
La musique n’en finit jamais de nous étonner ! Et pour cause, elle est pleine de mystères et de richesses, ce qui la rend indéniablement passionnante.
Dans notre cerveau, la musique a les mêmes effets qu’une drogue sur nous. Au même titre que certains plaisirs intenses.
Elle a donc un lien très fort avec nos émotions mais aussi avec le langage ou la mémoire ! On comprend aisément sa place en pédagogie ou encore en rééducation. Eh oui, la musique peut aider à « réapprendre à parler » !
De plus, la musique est intimement liée au mouvement ! Le son est traité par diverses parties cérébrales impliquées dans la mémoire et les émotions mais aussi dans les mouvements. De cette façon, la musique peut s’inviter auprès des personnes ayant des troubles moteurs, comme le syndrome de Parkinson, afin de les aider à bouger de manière plus fluide.
Force est de constater que la musique nous transcende. Il n’y a donc rien de surprenant à observer sa magie sur nos petites humeurs ! Afin d’atteindre l’état d’esprit idéal pour réaliser de véritables prouesses, certains athlètes ont même coutume d’écouter de la musique avant leur exploit. Avec cette bonne fée, on peut en tirer le meilleur de nous-même ! Au niveau comportemental également ! Des études en ont exploré les effets.
Un autre point à ne pas écarter : la musique a des bienfaits sociaux. Notre amour du rythme, de la répétition et de l’harmonie renforce les liens. C’est indéniable, il suffit de le vivre pour comprendre, nul besoin d’expérience scientifique. La musique en groupe fait sensation. On danse, on chante, on se regarde, on se rapproche, on partage, on rit, on se comprend, sans forcément utiliser le langage verbal, les querelles et les mésententes semblent même se dissiper dans le flot mélodieux qui nous enveloppe. C’est un moment privilégié, tout nous semble limpide, une véritable ode à l’amour !
Dans toutes les cultures connues, la musique semble présente partout, même si les émotions ne sont pas exprimées de la même manière. Comment ça ? Une gamme, c’est-à-dire une suite de huit notes, sera ainsi liée à des émotions joyeuses en Occident tandis qu’elle sera perçue comme triste en Orient, et inversement. Cela étant, le fait d’attribuer une signification émotionnelle au système de gamme de sa culture, c’est universel. Cette signification s’intensifie à chaque répétition.
Finalement, les théories évolutionnaires de la musique n’importent peu lorsqu’on observe son pouvoir et son universalité ! D’ailleurs, s’agissant du règne animal, on est au tout début de nos découvertes ! La musicalité est bien présente chez eux aussi. On pense évidemment aux baleines et aux oiseaux mais d’autres espèces comme les lucioles peuvent aussi faire preuve de musicalité avec leurs jeux de lumière !
Aujourd’hui, il s’agit de savoir si cette musicalité est investie émotionnellement, en clair, si notre amour pour la mélodie est partagé chez d’autres espèces… !
Quoiqu’il en soit, la musique sert à apprendre, à ressentir, à se souvenir, à se rapprocher. Elle est essentielle et nous accompagne dans notre vie de tous les jours. Elle doit être entièrement perceptible pour tout le monde.
Dans la mesure où notre perception du monde est d’abord liée à nos sens, les personnes malentendantes ou sourdes disposent probablement d’une autre image du monde que celle des entendants.
Toutefois, il ne faut pas confondre « perception » et « connaissance ». Ce que la perception nous apprend n’est pas certain. Ce cher Platon nous l’enseigne avec brio ! Avec son allégorie de la « caverne », on apprend qu’il existe deux expériences : l’expérience sensible (liée à nos sens) et l’expérience intelligible (liée à notre raison // lorsqu’on se libère des « illusions » produites par les sens).
Ainsi, les personnes sourdes n’ont peut-être pas l’ouïe pour les aider à percevoir la musique, toutefois, cela ne signifie pas qu’elles n’en saisissent pas l’essence.
Cela étant, mises à part les autres voies perceptives utilisées par les personnes sourdes ou malentendantes, il est primordial de trouver des astuces afin de cultiver au mieux ce partage de la musique en tant qu’expérience sensible.
Pour écouter de la musique, sans parler des aides de correction auditive et des implants auditifs, les personnes malentendantes ou sourdes peuvent utiliser d’autres voies perceptives que l’oreille, d’autre sens que l’ouïe. Eh oui, les vibrations sonores peuvent être perçues différemment. C’est-à-dire ? Par le corps et les belles mirettes…
L’entièreté du corps est un formidable outil pour accueillir et ressentir les ondes sonores. Evelyn Glennie en témoigne ! Elle est sourde depuis ses 11 ans. Pourtant, elle est l’une des meilleures percussionnistes au monde. Elle a collaboré avec de grands artistes comme Sting, Elton John ou encore Bjork. « Les sons graves, je les sens surtout dans les jambes et les pieds. Et les notes aigues, plutôt dans certaines parties du visage, du cou et de la poitrine » - dit-elle.
Petite anecdote : Beethoven, devenu sourd, avait l’habitude de mordre une pièce de bois reliée à la table d’harmonie du piano. Sa tête s’emplissait de vibrations par conduction osseuse et il pouvait ainsi vérifier la musicalité́ de ses créations.
Le toucher est un sens qui peut permettre de sentir le rythme de la musique.
En guise de petite astuce, on a su inventer le plancher vibrant. Ainsi, les vibrations proviennent du sol et sont ressenties grâce au contact avec le corps.
Cette méthode a su trouver sa place dans certaines salles de concert. Des salles de danse utilisent également le plancher vibrant, un bon point pour l’accessibilité universelle ! (Oui, les personnes sourdes ou malentendantes peuvent tout-à-fait s’exprimer par la danse). Cela étant, il existe d’autres astuces qui mettent en lien toucher et palpitations sonores.
Le visuel peut aussi transmettre énormément d’informations à la personne sourde ou malentendante. La vue est « un sens qui dessine le son ». L’expression du visage, la lecture labiale, les rythmes respiratoires, les postures corporelles, l’énergie des mouvements, en somme, le langage du corps.
Des personnes sourdes qui utilisent le visuel comme Lee Walker, devenu sourd à la suite d’une méningite, apprennent à reconnaître la mélodie de certains mouvements. « Les notes aigues sont souvent accompagnées d’un mouvement de tête du chanteur vers le haut, les notes graves par un mouvement vers le bas ».
Toutes ces informations permettent à la personne d’appréhender la musicalité, le feu de la scène, les sentiments des artistes, l’atmosphère. Ils peuvent réellement vivre cette expérience musicale comme tout à chacun. De quoi devenir de véritables croque-notes !
Une artiste et interprète, Maria Siebald, combine ses talents d’actrice et de chorégraphe pour transmettre toute la sensibilité des morceaux de musique aux personnes sourdes. Elle a recours au langage corporel mais aussi à la langue des signes ! D’ailleurs, certains interprètes, quand ils sont bien entrainés et qu’ils ont le même souci de transmission que Maria Siebald, peuvent littéralement voler la vedette aux artistes ;).
Myles de Bastion, musicien et concepteur de logiciels informatiques, est sourd de naissance. La musique, il l’a toujours aimé. Cela étant, elle a été parfois source de frustration pour lui. Il souhaitait rendre la musique accessible à tous. Il s’agissait aussi qu’elle puisse être une véritable « occasion de partage » entre sourds et entendants.
Pour toutes ces raisons, il s’est mis à développer une technologie basée sur un système d’éclairage LED. Cette prouesse technique traduit la musique en lumières et en couleurs !
« Pour moi, la plus belle récompense, c’est lorsque je vois une personne sourde et une personne entendante partager un moment de vie musical. Alors qu’auparavant ils n’auraient peut-être pas forcément tenté d’interagir, ils partagent désormais une expérience significative. Ils apprennent quelque chose l’un de l’autre ».
Que l’on soit sourd ou entendant, nous avons tous un superpouvoir : la musique. Elle nous bouleverse, elle entre dans le cœur. Chaque individu doit pouvoir ressentir et vivre pleinement cette expérience qui colore notre vie...
Sources